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Affichage des articles du novembre, 2019

Guérir l'allergie aux Psaumes

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Un ami, un homme d'expérience pour qui j'éprouve un grand respect, m'a dit un jour être "gêné" par les psaumes. Qu'un homme à la culture profonde, chrétien fervent, puisse avoir les psaumes en aversion m'alerta. J'ai pensé que si lui pensait cela, bien des chrétiens devait penser de même. Je contribuerai donc, dans ce petit article, à la défense de ces cent cinquante poèmes de l'antiquité , et de leur place dans notre vie de prière. La question posée ici est simple: que faire de la violence de certains psaumes? Quelques éléments. Tout d'abord, considérons comme une chance de pouvoir prier avec les psaumes, car c'est prier avec les paroles mêmes que Jésus et Marie ont employées quand ils priaient eux-mêmes . Le Magnificat de Marie, quand elle veut exprimer sa joie, est tout entier construit sur des psaumes: c'est dire si la prière de Marie devait être profondément modelée sur ces psaumes, qu'elle connaissait d'évidence par ...

Léonard de Vinci: la fable du Lys et du Courant du Fleuve

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La section "mots endormis" de nos cahiers a pour vocation de permettre aux lecteurs de poser les yeux sur des pièces rares, voire introuvables, mais non dépourvues d'intérêt! Désignons aujourd'hui une facette méconnue (du moins en France ; en Italie c'est autre chose) de Léonard de Vinci, dont nous avons des fables. Voici une fable fort courte, et fort énigmatique. Magister . Il lilio e la corrente del fiume (XXXIV) Il lilio si pose sopra la ripa di Tesino, e la corrente tirò la ripa insieme col lilio. Traduction Le lys a été placé sur la rive du Tessin, et le courant a tiré la rive avec le lys tout ensemble. Fable étonnamment brève, dépourvue de morale, proche de l'aphorisme si elle n'était narrative ; on a pu penser qu'il s'agissait là d'un projet de fable plus étendue, projet inachevé comme beaucoup de ceux de Léonard. Pour mieux la saisir, lisons une réécriture , par Bruno Nardini (1987): Il giglio Sull...

Victor Hugo : "écrit au bas d'un crucifix"

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                       Écrit au bas d'un Crucifix             Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure.             Vous qui souffrez, venez à lui, car il guérit.             Vous qui tremblez, venez à lui, car il sourit.             Vous qui passez, venez à lui, car il demeure.             Mars 1842 Victor Hugo, Les Contemplations Le Burg à la Croix - dessin de Victor Hugo

L'oratoire du lycée Saint Jean - par B. Daubas.

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Dans l’enseignement catholique de Lectoure ‘Saint-Jo ’ est la maison-mère, avec sa chapelle en crypte et l’église (paroissiale) du Saint-Esprit qui lui est conjointe. Mais à 800 mètres de là, le second cycle de ‘ Saint-Jean ’ a aussi son oratoire. Y figurent trois images pieuses, soit deux sculptures et la reproduction d’un tableau. Bernard Daubas, ancien professeur de lettres de la maison, a médité sur ces œuvres, qui rappellent trois moments de ce que Dieu fit pour nous.   L’oratoire de Saint-Jean* Un rideau jaune, par la grâce de la lumière du dehors, habille la pièce d’une vapeur dorée qui semble à elle seule installer un riche silence. A droite, le Baptême du Christ, œuvre d’un ancien élève du lycée, François-Xavier Richard. Saint Jean Baptiste y paraît ; on voit bien qu’il est nourri de sauterelles et qu’il a dû disputer aux ours le miel dont on les assaisonne ; il n’est que débris, bricoles, collages ; le sculpteur a rassemblé en hâte les b...

Exégèse de lieux communs : "Là-haut il..." et "ils ont rejoint la maison du Père".

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Ceux-là sont redoutables, et j'irai même jusqu'à dire que nous touchons avec eux la crise de la Foi, la crise de l’Église, la crise de la Pratique, la crise des Vocations. Il y a, d'une part, le fameux "Là-haut, il..." qu'on retrouve immanquablement dans les conversations sur les défunts, dans les oraisons funèbres, dans les sermons même. Tel philosophe meurt ; l'énormité du lieu commun viendra plomber le sermon: "là-haut, assurément, il continue de philosopher avec les anges..." (entendu réellement, et pas pour un petit philosophe ; et pas dans la bouche d'un curé de campagne, mais, récemment, d'un authentique prélat). C'est un incontournable. Pourquoi pas "Il aimait tant la pétanque! Là-haut, assurément, il joue aux boules avec Saint Pierre" ? Confrontés à la mort, on a tant de mal à sortir de l'humain! Il faudrait donc que le clergé lui-même, dont la mission  est, dans ces instants douloureux, de nous aid...