« Que vous écrirai-je, Sénateurs, ou comment vous écrirai-je ? Ou que ne vous écrirai-je pas en ce moment ? Que les dieux et les déesses me tuent plus cruellement que je ne me sens périr tous les jours, si je le sais... » Lettre de Tibère au Sénat, selon les Annales de Tacite (VI, 6). L’historien ajoute : « … tant ses forfaits et ses infâmies étaient devenus pour lui-même un affreux supplice. Ce n’est pas en vain que le prince de la sagesse avait pour coutume d’affirmer que, si l’on ouvrait le cœur des tyrans, on le verrait déchiré de coups et de blessures, ouvrage de la cruauté, de la débauche, de l’injustice, qui font sur l’âme les mêmes plaies que fait sur le corps le fouet d’un bourreau. » Les lecteurs de ces Cahiers connaissent notre goût pour les scènes crépusculaires et les figures maudites. Cet aveu de l’empereur Tibère, chef d’état dont la paranoïa n’était allée qu’en s’amplifiant, et qui s’était progressivement isolé du reste du monde (à la fois par peur de l'assa...