Rabelais, la Guerre & l'Evangile

" Cette imitation des anciens Hercules, Alexandres, Hannibals, Scipions, Césars & autres tels est contraire à la profession de l’Évangile, par lequel nous est commandé garder, sauver, régir et administrer chacun ses pays et terres, non hostilement envahir les autres. Et ce que les Sarrasins et Barbares jadis appelaient prouesses, maintenant nous appelons briganderies et méchancetés."

François Rabelais, Gargantua

A travers l'exemple de la guerre, le chrétien Rabelais montre bien la profondeur de l'apport évangélique. Qu'apporte l’Évangile au monde? Rien moins qu'une révolution. Les mêmes actes sont affectés de signes opposés ; des mots identiques se voient attribués des sens également opposés. Une idéologie en remplace une autre.

Mais l'évidence nous impose d'ajouter que cela exprime davantage un espoir qu'une réalité. Il y a de l'utopie dans le christianisme. C'est un changement de ton plus que de réalité qui s'est opéré depuis 2000 ans, avec, çà et là, dans les ténèbres de l'histoire, quelques saintes fulgurances, bien sûr ; mais force est de constater que, malgré les injonctions du Christ et l'édification d'une société chrétienne, le petit continue d'être scandalisé, les aveugles continuent de ne pas voir, les sourds de ne pas entendre ; les boiteux claudiquent ; le frère continue de dire Raca à son frère, et le riche continue de boire le sang du Pauvre. 

Magister

 source: F. Rabelais, Les Cinq livres, édition de G. Defaux, Livre de Poche.

 

Félix Valloton, Paysage de ruine et d'incendies (1916), huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Berne



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