Notre Ecole : une Mère

Un président d'ensemble scolaire a affirmé, un jour de réunion, qu'il était essentiel que le nouveau directeur en conserve le caractère "catholique". Cela est dit ; mais qu'est-ce que cela veut dire? Que mettons nous derrière ce mot? Je crains fort que les réponses soient fort diverses. Je vous livre donc mes réflexions sur le sujet, comme une proposition.

L'Ecole, un lieu d'Eglise.

Plutôt que de considérer l'Ecole comme un établissement scolaire qui a l'étiquette "catholique" accolée, nous pouvons considérer l'Ecole comme une partie à part entière de l'Eglise, dont la mission particulière est d'instruire et de former de jeunes élèves. L'Ecole catholique n'est pas une sorte d'école publique qui, en plus, dispenserait des cours d'instruction religieuse et proposerait des voyages scolaires "spi"; l'Ecole est d'abord un lieu d'Eglise, elle est d'abord Eglise, avant d'être établissement scolaire.


Mais n'oublions pas que l'école est "sous contrat", c'est-à-dire qu'elle a passé un contrat avec l'Education Nationale. Passer un contrat avec elle ne signifie cependant pas dépendre d'elle; l'Etat français nous fait confiance pour l’œuvre éducative que nous accomplissons, et nous accorde des subsides pour ce faire. Être d'Eglise ne signifie pas être déconnecté du pays, de la société - au contraire, nous en faisons partie, et nous nous acquittons des devoirs de ceux qui en font partie. Mais nous sommes avant tout citoyens du Ciel.

Pour rappel, c'est l'Evêque qui nomme les directeurs des écoles catholiques. Le directeur de notre Ecole (et son futur successeur) dépend donc de l'Episcopos, cet ordonnateur qui a l'origine est nommé à la tête des communautés chrétiennes par les Apôtres eux-mêmes. Signe que l'Ecole est bien un lieu d'Eglise.

L'Eglise, une mère

L'Ecole est une partie, un membre, une portion de l'Eglise; et l'Eglise, elle, est Mère. L'Eglise a un modèle: la Vierge Marie. Si l'Ecole est une portion d'Eglise, elle sera elle-même, elle s'accomplira, si elle s'efforce de ressembler à la Mère de Jésus.

Jorge Bergoglio a dit, dans sa première homélie de Pape François(mars 2013):
"L'Eglise court le danger de se transformer en une O.N.G. Et l'Eglise n'est pas une O.N.G. C'est une histoire d'amour. Et l'Eglise est Mère. Nous sommes une famille dans l'Eglise qui est notre Mère."
Parole qui a été le point de départ de son pontificat, et qui doit nous inspirer. Nous avons une mission éducative; mais ne perdons pas de vue notre mission spirituelle; de même, nous sommes un établissement scolaire, mais ne perdons pas de vue notre dimension familiale; nous cherchons l'efficacité (ordinateurs, travaux, véhicules, vidéoprojecteurs, programmes, réunions, emploi du temps, bulletins de notes, orientation...) mais à ne voir qu'elle nous risquons de tomber dans l'activisme, et perdrons de vue notre objectif : le Ciel.

Notre Ecole doit être à l'image de Marie ; et que fait une mère? Elle écoute, elle porte, elle fait grandir.

Ecouter, porter, faire grandir

Suivant ce trio, nous essaierons à présent de donner des pistes concrètes à notre agir quotidien de professeur, de surveillant, d'agent de service... et même d'élève.

  1. Ecouter : à l'image de Marie sachons accueillir humblement ceux qui viennent à nous, avec une simplicité dépourvue d' hypocrisie, sans chercher à manipuler. Accueillons l'autre tel qu'il est. Sachons écouter l'élève qui vient nous parler (parfois de façon désordonnée) sans lui couper la parole, et écoutons-le jusqu'au bout avant de lui donner notre conseil. Parfois, aidons-le à s'exprimer, à trouver ses mots. Une Mère écoute ses enfants, et n'accorde pas de privilège à certains d'entre eux. Accueillir l'autre tel qu'il est signifie bien évidemment que nous accueillons les élèves catholiques et ceux qui ne le sont pas.
  2. Porter: Marie a porté le Christ dans ses entrailles; elle a porté et médité ce qu'elle a vu ensuite dans son coeur. (cf. Luc, 2:19 : " Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son coeur.) Le devoir de celui qui se dit chrétien dans notre Ecole est de prier pour les autres, tous les autres, en particulier ceux qui ne peuvent ou ne savent pas prier. Dans le silence de la prière personnelle, ou dans des temps de prière commune (pendant les Vêpres du Jeudi au lycée, pendant les messes du Carmel du Mercredi, ou pendant les retraites, les pèlerinages qui rythment nos années scolaires), tout professeur ayant la foi a le devoir de porter toute la communauté dans sa prière - et les élèves aussi. Et si vous êtes empêchés de prier, n'oubliez pas que vous pouvez confier cette prière à la communauté paroissiale de Lectoure ou aux soeurs du Carmel ou du Couvent de la Providence. Utilisez les cahiers ou les petits papiers disponibles à cet effet.
  3. Faire grandir: L'Ecole éduque. C'est sa mission d'instruction. Prenons cette mission d'éducation dans un sens large: nous donnons des cours, nous avons la conviction que l'Homme cherche le Vrai, le Beau et le Bien, et c'est ce qui nous oriente dans nos préparations de cours si nous sommes professeurs. Mais nous voulons aussi faire grandir les autres, et nous nous faisons "éducateurs dans la Charité", professeurs, personnels et élèves. Par nos actes quotidiens, s'ils sont emplis de Charité (qui signifie amour venu de Dieu), nous nous faisons grandir les uns les autres. Concrètement, cela signifie servir l'autre, être attentif à lui, peser chacun de nos actes et chacune de nos paroles ; pour un professeur, cela influencera sa manière de s'exprimer, d'exercer son autorité, de parler de ses élèves... l'Ecole est un lieu où nous pouvons sanctifier les autres, et nous sanctifier nous-mêmes. Comme une mère, l'Ecole veut porter ses enfants pour leur donner naissance: la vrai naissance, celle du Ciel. 

Magister

 

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