PIPe, POPe, PUPe ils ont un PAPe

L'afflux de mails informatifs ininterrompu par les vacances* sur tel ou tel Guillaume de nos élèves qui vient d'obtenir un régime spécial, un régime poli de tics, affublé d'une belle abréviation comme d'une couronne de VIP m'interroge.

Par soucis d'égalité, l'"école pour tous" fait sans cesse cas à part pour ses petits Guillaumes au risque de les stigmatiser de la plaie du handicapé. Car la véritable plaie du handicapé c'est le regard de son frère. Regarde-le comme un humain et sa plaie disparaît : de ton esprit, de tes yeux puis de ta bouche, et ton frère devient alors humain, l'Andy capé n'existe plus, seul reste Andy avec qui tu as plein de choses bonnes à vivre.

Si l'école était moins élitiste nos élèves n'auraient pas besoin d'orthophonistes ni de psychomotriciennes, deuxièmes maitresses pour palier, non pas à l'incompétence de la première mais à la raideur du système. Des dossiers à remplir sans fin et des commissions interminables pour obtenir un aménagement de temps ou de matériel pour aider à faire tenir des humains différents dans une seule case : l'école pour tous. Il faut donc qu'ils soient déclaré "dys" pour qu'on les considère, tous diagnostiqués car nous ne sommes plus capables d'entendre que des diagnostics médicaux. Et tous ces "dys" ont des protocoles différents à rendre leurs profs chèvres. le métier de profs n'est plus d'instruire mais de suivre des protocoles : https://www.enfant-different.org/scolarite/pai-pps-pap-pia-ppre

Mais pourquoi ne pas simplement admettre que les humains sont tous différents ? Faire l'éloge de cette différence pour paraphraser Albert puis contempler l'extraordinaire richesse de la nature, de l’œuvre de Dieu, à travers cette différence ...

Pourquoi ne pas donner à chacun selon ses besoins comme le commande Augustin dans sa règle chanoinique ?  «Votre frère prieur doit distribuer à chacun de vous de quoi se nourrir et se couvrir, non pas selon un principe égalitaire, puisque vos santés sont inégales, mais plutôt à chacun selon ses besoins» (Règle, chapitre I, 3).

Pourquoi continuer à s'enferrer dans cette bêtise égalitariste ? Qui veut niveler le fera par force par le bas. Niveler par le haut est impossible, non-sens c'est. Niveler par le bas est un pléonasme. Pour le savoir il suffit d'avoir une seule fois tondu gazon, taillé haie ou tête (la raie publique a grande expérience depuis sa naissance): poil ne peut s'égaler que par raccourcissement. La vie a cela de merveilleux qu'elle ne compte pas et donne sans cesse, poil pousse sans finalisme ni égalitarisme. 

Laissons donc pousser nos gosses sans arrogance mais en arrosant à chacun selon ses besoins et ses faims. Eux même arriveront à leur fin et certainement pas celle que nous voulons leur tracer avec grande maladresse et règle de bois ... mort. N'oublions pas que le Père Divin veille aussi et mieux que nous. Avec sa grâce supérieure, offrons ce que nous avons comme nous pouvons, sans comptabiliser nos dons. Laissons-les nous user puisqu'ainsi veut la nature, sans leur mettre les fers de sales intentions microscopiques. Sus au poli-tique-ment correct !

T. R. SCORFA

*vacances de profs sont plutôt des congés puisque loin d'être vide, vacant, ce temps leur est donné pour corriger des copies, remplir des bulletins, préparer des cours ou lire des mails.

 

Wayne Thiebaud (1920+2021), Pie counter (1963). Whitney Museum of American Art, New York

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