"La fièvre polytechnicienne, alors, minait secrètement toute la population française, envahissait particulièrement le monde des bureaucrates de tout poil (...) Pas de gratte-papier, pas de chieur d'encre qui ne rêvât de voir son fils, unique de préférence, accéder à la montagne-Sainte-Geneviève ; la seule promotion sociale digne d’intérêt c'était celle-là et le seul chemin pour accéder à cette montagne-Sainte-Geneviève, c'était le lycée, et la seule clef pour ouvrir la grille de l'Ecole était le baccalauréat complet (...) On peut se demander, trompés comme nous sommes aujourd'hui [1980] par les fariboles  de l’invraisemblable propagande politique, comment des gens du petit peuple pouvaient avoir de telles ambitions à une époque [1920] où on ne connaissait ni les assurances sociales, ni les allocations familiales, ni l'orientation scolaire ou universitaire, ni les ordinateurs, ni la bombe atomique. Il est répandu aujourd'hui que ces gens sous-développés vivaient dans l'ignorance, l'inculture, rivés à leur classe sociale sans aucun espoir de promotion ; j'ai l'honneur d'affirmer que c'est absolument faux. On voit aujourd'hui des enfonceurs de porte-ouverte qui prétendent lutter pour une égalité des chances qui a toujours existé, je n'en veux pour preuve que les nombreux fils de prolétaires qui occupaient à cette époque les postes de direction." Henri Vincenot. Mémoires d'un enfant du rail. p.159-160

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