Être éducateur à l'école de Saint Joseph.

Habitués à ce que le patronage de Saint Joseph soit très largement répandu dans les écoles catholiques, on en vient, peut-être, à perdre de vue les répercussions d'un tel patronage.
Certes, Saint Joseph est dans notre décor ; on rencontre sa statue, ici ou là (en l'occurrence, à l'accueil, à la chapelle, et dans l'escalier « nord »).
Saint Joseph est également dans notre prière. Il est en effet régulier, dans nos murs, que nous adressions une prière au Seigneur par l'intercession de Saint Joseph. Il est bon qu'il soit invoqué lors des messes de l'Ecole, mais aussi lors des prières du quotidien, en classe en début de journée, lors de la réunion de n'importe quel groupe.
Il peut donc porter notre « message » vers le Très-Haut ; mais lui même peut nous communiquer un « message. » Pour tout dire, il me semble qu'être éducateur à l'Ecole Saint Joseph nous engage à contempler cette figure et à s'en inspirer, comme on s'inspire d'un modèle.



Le silence. 

 

Saint Joseph est une figure silencieuse. Il n'a laissé aucun écrit. On n'a rapporté aucune parole de lui. Il est intéressant de noter que l'Histoire Sainte est remplie d'humbles personnes, avec lesquelles Dieu veut agir. C'est en cela que l'Histoire Sainte diffère de l'Histoire du monde – dans sa version traditionnelle, on y suit le destin des « grands hommes » ; dans sa version plus récente, celle des grandes masses. L'histoire Sainte, elle, se focalise sur la trajectoire d'un humble ; de toute évidence, l'important ne réside pas dans les actes de ces humbles, mais dans ce que Dieu réalise en eux, avec eux et finalement à travers eux. Premier enseignement : ce qui est essentiel aux yeux de Dieu ne se perçoit pas dans le monde sensible. Ainsi, éducateurs à l'image de Saint Joseph, ne tombons pas dans l'activisme (quand agir devient une fin en soi), ne nous glorifions pas de nos actes, ne nous croyons pas indispensables ; laissons agir Dieu à travers nous. Dans l'action, un bon moyen de trouver la mesure est de faire du mieux possible (le travail bâclé est un péché!) mais laisser au bon Dieu le soin de faire fructifier ces actes.

La confiance.

 

Le Seigneur confie Marie à Joseph. Il devient l'époux de celle qui va enfanter le Sauveur du monde et se trouve donc au cœur du mystère de l'Incarnation. Observons-le : il ne se pose pas la moindre question. Il est bien incapable de comprendre tout le dessein de Dieu, mais il n'a pas besoin de comprendre. Il fait confiance ; il croit paisiblement en la Parole. Dieu parle : cela lui suffit. Suivant l'exemple de Saint Joseph, ayons l'esprit docile, acceptons notre devoir sans esprit de contestation, sans tout remettre en doute, sans le ricanement intempestif si commun de nos jours, et qui nous prive de joie.

La paternité

 

Ainsi deviendra-t-il le père du Verbe fait chair ; Saint Joseph est choisi pour être le plus intime collaborateur du Père, puisqu'il se chargera sur Terre du ministère de paternité envers le Fils éternel.
Nous avons réfléchi à la maternité de notre Ecole (lien) ; pour nous-mêmes, exerçons notre fonction d'éducateurs comme des pères,c'est-à-dire exercer l'autorité, inspirer, guider, montrer le chemin, punir parfois, en prenant garde de ne jamais perdre le cœur de l'enfant qui nous est confié.

La disponibilité

Il prend tout simplement Marie chez lui ; il fait tout simplement ce que l'ange lui a dit. Il met sa liberté personnelle au service du projet de Dieu en toute humilité. Seul celui qui est profondément humble, libre de toute volonté propre, peut accepter de n'être qu'un instrument de Dieu, sans vouloir mettre du « moi je » dans le projet du très Haut.
Cette simplicité, cette disponibilité à Dieu, laisse entrevoir la profondeur de la vie intérieure de Saint Joseph. Seul celui qui a une relation intime avec Dieu, qui lui parle, qui l'écoute régulièrement, peut avoir de telles réactions.
Suivant son exemple, vivons dans l'intimité avec Dieu pour que nous aussi nous puissions reconnaître sa voix, et lui obéir sans hésitation. Qu'est-ce que vivre dans l'intimité de Dieu ? Prier, avoir un temps de prière silencieuse au quotidien. Et hors de ce temps de prière, lire la Parole ; prier vocalement le matin, avant le travail, avant le dîner, ou à tout moment au moyen d'oraisons jaculatoires. Être accompagné par Dieu dans tout ce que nous faisons.

L'Espérance.

Saint Joseph vivait pourtant à une époque qui disposait peu à accueillir la bonne nouvelle du Salut. Le pays était occupé par les Romains ; le roi sur le trône de David n'était pas un descendant de David, et n'était qu'une marionnette à la botte de l'occupant ; de vaines tentatives de révolte se soldaient dans des bains de sang ; les chefs religieux étaient compromis avec le pouvoir romain ; les prophètes s'étaient tus depuis longtemps. (Que de rapprochements possibles avec notre époque !) Et Saint Joseph n'était pas troublé outre mesure dans la confiance qu'il accordait à Dieu. Il savait certainement que l'agitation du monde ne change rien aux desseins du Très-Haut. Cela nous renseigne sur son espérance, cette vertu qui permet de voir au delà des apparences. L'espérance a permis à Saint Joseph de discerner les signes de la présence de Dieu dans un monde chaotique où tout semblait courir à sa perte.
Nous mêmes, restons fidèles à Dieu dans un monde qui proclame sa mort ; ne nous laissons pas hypnotiser par le déferlement du mal. Ne nous laissons pas bercer non plus de « c'était mieux hier » ni de « ce sera mieux demain ». Observons l'histoire troublée de notre temps avec les yeux de Dieu lui-même ; là encore, pour se disposer à recevoir cette grâce il est plus que jamais nécessaire de développer sa vie intérieure.

Cultivons donc l'intériorité, la disponibilité, l' espérance, la fidélité, l'engagement, la confiance, l'écoute, l'obéissance, à l'école de Saint Joseph.

Magister



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