L'Esprit Saint & ma Liberté

Je crois au Saint-Esprit,

Barthélemy « Si effectivement l’Esprit Saint agit, est-ce que l’homme ne serait pas moins libre ? maître de son destin ? »


Même un agnostique comme Allègre écrit : « avant la Bible, il y a les dieux et les hommes ; avec la Bible, il y a Dieu et l’Homme, l’un est tout puissant, l’autre responsable, maître de son destin. »1 Il reste difficile de discerner entre liberté de conscience et intervention divine : si Dieu nous guide, sommes-nous alors tout à fait libres ? Lorsque je demande à Dieu dans ma prière « que ta volonté soit faite », n'est-ce pas perdre ma liberté ? Par ailleurs, que j'implore Dieu ou pas, suis-je totalement maître de mon « destin » ? Nous sommes tous prisonniers de nos propres limites et de celles des autres et du monde, c'est ce que le mot destin sous-entend, croire que nous sommes des êtres absolument libres est une grossière naïveté. Même Robinson Crusoé sur son île, ne dépendant pas d'une société quelconque, n'est pas parfaitement libre, Tournier le montre très bien dans son livre Vendredi ou les limbes du Pacifique2. Nous sommes conditionnés par nos gènes, notre histoire, notre culture, notre société, nos doutes et croyances.

Je suis libre de me laisser guider par Dieu ou pas et c'est là ma liberté. Notre idée de la liberté est souvent galvaudée. La liberté ce n'est pas « faire c'que j'veux » contrairement à ce qu'un adolescent proclame, c'est vouloir ce que je fais. Ne pas subir. Ma liberté c'est de pouvoir faire de vrais choix, de suivre mes désirs profonds, et non pas mes envies, ma libido, qui n'est qu'un instinct hormonal, que je tente peut-être de contrôler avec plus ou moins de succès. Si mon désir profond est de connaître Dieu, alors ma pleine liberté est de m'ouvrir à son dessein, qui n'est pas un destin programmé par avance, alors « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils ; avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes. » et cet Esprit Saint me guide vers ma liberté entière et véritable.

Définir enfin qui est l'Esprit Saint est un exercice difficile3, cela conditionne notre conception d'un mystère qu'est la Trinité : Père, Fils et Esprit. Le concile de Nicée tente cette définition en montrant que c'est l'Esprit qui agit quand parle un prophète, quand un humain parle de la part de Dieu, sans séparer l'Esprit St du Père et du Fils car les trois personnes divines forment un seul Dieu. St Patrick choisit le trèfle à trois feuilles, symbole de l’Irlande, pour expliquer la trinité : trois feuilles, une seule plante. Les juifs avant le Christ parlent déjà de l'Esprit Saint, sans le séparer du Père, car Il est inséparable. C'est quelque chose que nous avons beaucoup de mal à percevoir avec nos sens limités, d'autant que nous sommes souvent divisés, entre humains mais aussi à l'intérieur de nous-même. La Bible parle dans la genèse de l'Esprit de Dieu planant sur les eaux au commencement du monde. Quand on parle du canon des écritures, cela signifie que nous reconnaissons des écrits « inspirés », des écrits qui sont de l'ordre de la révélation divine et non seulement humains, la main de l'homme est alors un véhicule de la Parole de Dieu, c'est l'Esprit Saint qui « dicte » le texte.

En art on peut aussi considérer certaines œuvres comme inspirées, c'est le cas des icônes chez les Orthodoxes, de nombreuses autres œuvres ou parties d’œuvres que l'on qualifie alors de « sacrées » chez les Catholiques. Un artiste perçoit bien cette réalité lorsqu'il sent que son œuvre le dépasse, qu'il a l'impression de ne pas avoir été seul pour tenir le pinceau. C'est l'Esprit Saint, l'Inspiration au sens religieux, qui fera la différence entre une œuvre sacrée ou pas. Une œuvre d'art sacré inspire aussi ses admirateurs, pas seulement l'auteur, à la prière, la méditation. Léonard de Vinci tente une explication : « notre Art explique les mystères et rend simples et sensibles les dogmes obscurs. Le théologien n'en finit pas d'exprimer la Vierge-Mère. Si nous la peignons, tout le monde la comprend et l'honore. »

SCORFA


Georges Rouault, Ne sommes-nous pas tous forçats? Huile, encre, gouache sur papier marouflé sur toile 102 × 73 cm - 1920-1929 - Fondation G. Rouault



1Claude Allègre. Dieu face à la science. Fayard. 1997. p.161
2Tournier. Vendredi ou les limbes du Pacifique. Gallimard. 1967.
3Vanne de prêtre : ball trap au Paradis. L'archange St Michel invite les saints un peu pêchus comme Georges, Martin, Théodore, Alexandre, Acace, Ammon, Zénon, Ptolémée, Ingénès, Florian, … Premier plateau, … tschlingue ! Tout le monde applaudit Acace pour son adresse. Deuxième plateau, … schblingue ! Tout le monde félicite Théodore chaleureusement. Troisième pl.. « non attendez ! » arrête St Michel, « le St Esprit passe ! » une colombe passe, … schtchopf ! Puis trépasse. On se retourne indigné vers les autres, et Joseph à ce moment là en soufflant sur son flingue déclarant : « y'a des choses qui s'oublient pas »

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