Sacrée vie !


Le virus a du bon. Il me semble que c'est Hans Urs von Balthasar, dont le nom évoque en moi déjà toute une poésie, qui conseillait de louer Dieu en tout, y compris les maux que l'on ne comprend pas, pour ainsi tout remettre en Dieu, source et fin de toute chose. Logique. Louons donc. Bénis sois-tu Seigneur pour les virus. Vive les virus.

Alors que les biologistes hésitent encore à classer les virus dans le vivant (the place of viruses in the living world), le petit dernier nous donne une leçon de vie :  qui ne s'interroge pas en ce moment sur le sens de la vie ? N'est-ce pas à cause de ce couronné que nous voilà courroucés ?

Nous devons une part de nos gènes aux virus. L'analyse de notre ADN montre que nous avons des séquences en commun avec certains virus. Certaines séquences virales seraient même à l'origine de notre vie placentaire (Placenta chez les femelles, masse musculaire chez les mâles : le double héritage d'un virus) : le message porté par l'ADN viral nous permet de vivre in utero notre développement, ce que la grande majorité des animaux vit seul, dans un oeuf ou un cocon, nous le vivons dans une relation, la plus intime qui soit, in vivo. Ô merveille : maman si j'ai pu vivre en toi c'est grâce à corona !

Certains biologistes se demandent même à quel point nous devons l'origine de la vie au virus  : un comble pour un parasite obligatoire, c'est à dire qui ne doit la vie, si vie il y a, qu'à son hôte. Un virus il y a fort fort longtemps serait resté bien au chaud dans une cellule qui serait ainsi devenue plus complexe* (Are Viruses Alive?)

La vie au sens biologique c'est pour faire simple ce qui naît, évolue, engendre et meurt. Il y a un début et une fin. Je m'étonne d'ailleurs de voir à quel point cette biologie influence nos liturgistes qui ont rédigé l'intercession des Laudes de ce matin exactement dans ce sens où nous bénissons le Christ d'être né par Marie puis mort par la croix (Laudes du 20.11.20)

Fi! Il suffit du cours de bio (on dit sciences de la vie aujourd'hui, ce qui a exactement le même sens étymologiquement : logos en grec : scientia en latin : étude en français + bios en grec : vita en latin : vie en français) mais comment un prof de bio peut-il ne pas s'interroger sur le sens de ce ce qu'il étudie et enseigne ?

Évitons la fastidieuse nomenclature de ce qui est vivant, la définition du vivant organique par rapport au minéral inerte que l'on trouvera dans n'importe quel cours de fac, pour nous pencher sur une définition plus essentielle.

La vie est-elle sacrée par ce qu'elle est de Dieu ou sacrons-nous la vie par peur de la mort ? quelle cohérence propose un gouvernant qui veut "la vie quoi qu'il en coûte" (il compte sur nos impôts pas son salaire), quitte à laisser mourir nos vieux sachems de solitude, alors qu'il fait voter des lois dans l'intimité d'une nuit d'été pour supprimer embryons et fœtus, ou encore ailleurs les vieux dès qu'ils le "veulent"... mais à qui ai-je prêté, ou rendu parce que je lui avais volé, cette excellente pièce : "Jeanne et les posthumains" où Fabrice Hadjadj prophétise si bien la société que nous risquons de construire ? à lire un soir où vous pouvez vous payer le luxe de déprimer un max. «Quand on ne peut plus donner sa vie, il ne reste plus qu’à la conserver.» Olivier Rey dans L'Idolâtrie de la vie nous donne un excellent texte à méditer à partir des évènements.

Scorfa


*In fact, along with other researchers, Philip Bell of Macquarie University in Sydney, Australia, and I contend that the cell nucleus itself is of viral origin. The advent of the nucleus— which differentiates eukaryotes (organisms whose cells contain a true nucleus), including humans, from prokaryotes, such as bacteria—cannot be satisfactorily explained solely by the gradual adaptation of prokaryotic cells until they became eukaryotic. Rather the nucleus may have evolved from a persisting large DNA virus that made a permanent home within prokaryotes. Some support for this idea comes from sequence data showing that the gene for a DNA polymerase (a DNAcopying enzyme) in the virus called T4, which infects bacteria, is closely related to other DNA polymerase genes in both eukaryotes and the viruses that infect them. Patrick Forterre of the University of Paris-Sud has also analyzed enzymes responsible for DNA replication and has concluded that the genes for such enzymes in eukaryotes probably have a viral origin. (Are Viruses Alive?)


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