La peur de l'inconnu

En ces temps de rentrée, il nous semble opportun de vous livrer ici les impressions d'une de nos anciennes élèves, qu'elle a bien voulu mettre à la disposition des lecteurs des Cahiers. Nous gardons à l'esprit le bon souvenir de nos anciens terminales, confrontés en ce moment à la nouveauté et, peut-être, à la peur de l'inconnu. M.

 

Une formule toute faite, dont on se sert volontiers avec un air d’attendrissement dédaigneux pour désigner une inquiétude omniprésente.

La peur de l’inconnu : qu’est-ce, après tout ? Une porte au travers de laquelle on n’ose pas regarder ; une page qu’on n’ose pas tourner ! L’éternel point d’interrogation qui surplombe le futur et que l’on voudrait bien effacer parce qu’on aime son confort, qu’on voudrait tout planifier, tout maîtriser ! C’est ce brouillard qui nous environne et nous fait craindre le trou dans lequel on pourrait mettre le pied !...

Cette peur, on pourrait même la comparer à celle, plus enfantine, du noir : l’imagination comble ce que l’œil ne voit pas.

Pourtant, cette peur colle à la peau et l’agrippe comme une sangsue ! Tant que l’on n’a pas jeté son regard, tourné la page, franchi le pas, l’imagination travaille, et fait craindre le pire.

Et puis, tout à coup, il faut passer dans cette zone d’obscurité.

Alors, vous êtes comme un de ces petits enfants apprenant à nager, qui n’ont aucune bouée, et à qui l’on dit pour la première fois devant l’eau profonde : « Vas-y ! Saute ! Nage ! »

Et vous n’avez pas le choix.

Vous sautez. Vous avez peur de vous enfoncer, de vous noyer.

Vous nagez.

Et vous vous apercevez qu’après tout, ce n’est pas si terrible.

  discipula

 

Peter Vilhelm Ilsted (1861+1933), Garçon allumant une lampe (1901?) - collection particulière

 


 

 

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