la tentation de n'être qu'un magicien de plus

Evangile. Cela commence comme une histoire magique, avec ces rois d'Orient, astrologues, qui marchent dans le désert, portant de l'or et des parfums comme pour une courtisane ; avec ces anges qui entrent dans de pauvres maisons ou qui chantent au quatre coins du ciel ; avec la nuit et cette odeur d'étable, et l'étoile qui justement ressemble à de la paille très brillante. La crainte et les menaces des maîtres, le tremblement de quelques vieillards qui espèrent, et tout ce trouble autour d'un enfant (l'enfant que les Grecs ont comme ignoré).

Dans le "désert plein de visions" de Hölderlin, il y a un fakir en haillons qui se nourrit de sauterelles et qui prophétise.

La parole que l'on relate du Christ, je crois que c'est dans saint Luc, où il répond à ses parents qui n'y comprennent rien, avec une sorte de brutalité: "Pourquoi me cherchez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon père?"

Puis c'est de nouveau le désert, les anges et les bêtes sauvages, et la "tentation": de n'être qu'un magicien de plus, ou un roi terrestre.


Philippe Jaccottet (1925-2021), Carnets

 

William Samuel Schwartz (1896+1977), Winter Evening (1924) -coll. privée.

 

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