Vanité des fumées, tout est spirituel


 

 « Vanité des vanités tout est vanité ». Ce verset symbolique du livre de Qohélet est ici représenté par l’écriture et des formes en arrière fond. Il est écrit au premier plan en français avec sa version hébraïque en fond, d’où le français semble jaillir. Ce mot de « vanité » est la traduction la plus courante de l’hébreu « hevel » (הֲבֵ֤ל ). La formule est une tournure poétique qui joue sur les sonorités et cherche avant tout à nous faire entendre le mot principal « hevel ». En entendant, ou lisant ce verset, c’est bien ce mot qu’il faut entendre. Le Qohélet insiste, le monde se résume à « hevel ». Or en français on pourrait aussi traduire ce terme par « fumée », « vapeur ». Il est employé également pour désigner ce qui sort de la bouche d’un homme vivant, une « buée » qui apparaît sur un miroir que l’on place devant sa bouche pour vérifier s’il vit encore. Ainsi « hevel » se rapproche de « l’haleine de vie », ce qui change quelque peu l’interprétation possible du verset…
 

Cette fumée s’élève sous la forme des traces noir et grise en fond. La fumée qui s’élève se condense dans un premier temps sous la forme d’une colonne, et s’ouvre ensuite pour faire un nuage. La faible densité d’encre diluée dans l’eau cherche à donner un aspect vaporeux.
 

« Hevel » est donc quelque chose qui passe, qui peut être dispersé de la main qui n’a pas de consistance. Et en même temps la fumé, une haleine de vie, c’est aussi la matière la moins matérielle...Ce n’est qu’un amas de grain, tout en étant de la matière. Cette fumée est donc la matière la plus spirituelle. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous utilisons de la fumée d’encens dans nos liturgies, elle symbolise nos prières ; c’est une manifestation visible d’une réalité qui ne l’est pas, par le biais d’un élément à peine visible, presque à la frontière des deux.  Ainsi « hevel », pourrait aussi chercher à vouloir dire : « spirituel », et donc tout passe certes, mais tout va vers le spirituel, tout va donc vers Dieu. « Spirituel, des spirituels, tout est spirituel. ». Tout spirituel vient du superlatif du spirituel et y retourne, comme la fumée monte vers le ciel. Toute matière se résorbe dans l’Esprit.
 

Il y a donc bien une vanité des choses qui passent, qui monte de la terre, en suivant le mouvement de la fumée, qui se resserre dans son ascension dans une prise de conscience que tout passe ; cela à quelque chose d’angoissant et d’enserrant, pour se rouvrir à nouveau, dans le ciel. C’est toute la conclusion du livre du Qohélet, la seule réalité qui demeure vraiment c’est Dieu, seul Dieu ne passe pas. 

Fr. Etienne, o.p.

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