l'école du pauvre introuvable

Je parlais, dans mon article de rentrée, de la mauvaise conscience de celui,  membre de l'école catholique, qui voudrait être au service du pauvre. Celui-là se croit au Moyen-Âge, ou à l’époque de Vincent de Paul, ou à celle de Don Bosco. Un bref rappel historique est nécessaire pour lui. 

L’Église est enseignante : c’est sa mission primordiale. Elle est aussi aidante ; Jésus lui-même enseignait et guérissait – et affirmait toujours que le message primait sur la guérison du corps. Les apôtres durent instituer les diacres pour être soulagés de la charge des pauvres et se consacrer à la transmission du message : signe à la fois de la primauté de la prédication, mais aussi signe que le soulagement des peines sensibles était, dès l’origine, dans les attributions de l’Église. Ce soin des corps malades ou affaiblis a donné à l’Église son assise sociale et a consolidé sa crédibilité. L’empereur « apostat », Julien, ne s’y est pas trompé : et dans son entreprise de restauration des cultes païens, il s’est servi des gestes favorables aux pauvres, de la « solidarité », pour accompagner sa restauration religieuse païenne. 

A l’inverse, l’un des coups les plus décisifs, et les plus cruels, assénés à l’Église, en France, par la République, fut celui de lui confisquer – par l’aide sociale instituée, par le service étatique, parfois par la prohibition pure et simple – toutes ses missions sociales: hôpitaux, hospices, écoles… c’est ainsi, d’une manière que n’aurait pas renié l’empereur Julien, que la République a trouvé son assise sociale : école gratuite, obligatoire & laïque, hôpitaux publics, sécurité sociale… ainsi amputée de son œuvre sociale, l’Église est devenue la Foi sans les œuvres. J’exagère pour le besoin de la formule, et je serais injuste si je passais sous silence les innombrables associations humanitaires d’affiliation ecclésiale qui accomplissent une œuvre immense. Et pour revenir à notre sujet, l’école catholique n’est pas, elle non plus, devenue étrangère à la notion d’entraide, loin s’en faut : il me semble qu’on en parle plus qu’ailleurs, et qu’on y fait plus qu’ailleurs, par de nombreux services directs : « maraudes », « bols de riz », visites, engagements associatifs... Mais l'entraide ici se fait sous une forme hautement – et noblement – traditionaliste : on y éduque le jeune nanti à se montrer digne de son rang social, en lui apprenant à partager. On est loin de la lutte des classes.

Murillo, Jeune mendiant




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