Entretien avec Frère Etienne, o.p.
Dans la série des entretiens des Cahiers de Saint Jean, après l'ancien professeur, et l'ancien aumônier, nous vous proposons ce jour un entretien avec un ancien élève. Celui-ci a la particularité de revenir régulièrement au lycée S.-J. de L.. Il y donne, en effet, des conférences ; il s'agit d'un frère prêcheur. Il nous a d'ailleurs déjà proposé une méditation sur la responsabilité dans les Cahiers. Il nous éclaire ici sur son parcours, et sur sa vision de notre lycée.
Commençons par vous, frère Etienne. Quelle voie avez-vous choisie après avoir obtenu votre baccalauréat au lycée S.-J. ?
Après avoir eu le bac
à S.-J., je suis allé aussitôt à Toulouse. C'était une
évidence pour moi : si je devais faire des études supérieures,
ce serait à Toulouse et nulle part ailleurs. J'ai à tout prix évité
de faire une « prépa » : je ne me sentais pas une
psyché conformée à cela.
J'ai donc
intégré une école de commerce, l' ESC Toulouse, qui comporte un
programme dit bachelor,
c'est à dire trois
ans de
post-bac ; et au cours de ces trois années, j'ai effectué un séjour de huit
mois en Finlande, à la Helsinski School of Economics, qui
entretenait des liens avec notre école. Année assez formatrice, je
dois l'avouer, pas tant au niveau business
qu'au niveau humain, car je suis parti, seul, loin de la maison. Et
d'un point de vue de la foi, c'était intéressant... il n'y a pas,
là-bas, de communauté catholique, si
bien que j'ai vécu sans la
messe pendant huit mois, même celles de la Semaine Sainte, ce qui
est une drôle d'expérience. Je suis rentré à Toulouse pour la
dernière année.
Vous
visiez un métier en particulier ?
En
fait, quand je suis rentré à l’École de Commerce, je voulais être gestionnaire de patrimoine ;
je voulais gérer l'argent des autres. J'étais persuadé d’être
doté
d'une intelligence « super pratique », et qu'il
fallait « faire des choses ». Mais
curieusement, aucun travail
manuel
ne m'a attiré ; ce
n’est qu’avec le recul
que
je m'aperçois que cela aurait pu être possible. Finalement, en
revenant de Finlande, j'ai eu des cours sur les Ressources Humaines ;
voilà
un domaine qui m'intéressait : l'humain plutôt que l'argent.
J'aurais pu continuer à l'ESC, mais je me suis réorienté vers une
petite école, privée, l'Institut
de Gestion
Sociale,
à Blagnac, et j'y ai préparé
un master 2 en R.H. Il se trouve que, pendant ma deuxième année de
Master II, en rédigeant mon mémoire, j'ai commis une double
erreur : j'ai oublié de mettre des guillemets en
citant un article, et j'ai omis de mentionner ma principale source
dans ma bibliographie. En
conséquence, je me suis fait
sévèrement « harponner » par
celle qui était maître d'étude :
ce fut le
conseil de discipline. La
décision qui s’en est
suivie a été de m'autoriser
à présenter un nouveau
mémoire l'année suivante pour valider mon Master 2. En parallèle,
j'ai postulé dans
la marine : je visais
un poste intéressant d'officier sous contrat, mais je n'ai pas eu le
job. Je me suis
retrouvé en décembre sans diplôme et sans travail.
C'est là, devant ce double
échec, que se sont posées
des questions de vocation.
Pour
la première fois ?
A
nouveau, en réalité. Ces questions s'étaient déjà posées quand
j'étais enfant ; mais elles étaient absentes de mon esprit pendant
mes études supérieures. Me voir religieux, ou prêtre, ce sont des
choses qui me sont
revenues à ce moment-là. Je me suis « posé » un peu,
en partant
une semaine à l'abbaye d'En-Calcat, et
je suis allé, à
mon retour, auprès
de mon parrain-routier, qui
se trouve être le père Augustin Laffay, de l'Ordre des Prêcheurs.
Il m'a conseillé d'aller à Marseille, à la Maison-Bernadette, une
entité au pied d'une énorme barre d’immeubles
dans le Quartier Nord de Marseille. Le
principe de la Maison-Bernadette,
c'est parier sur
la présence
chrétienne au cœur des « quartiers ». Il y a la messe
tous les jours, des offices. Et
cela déborde dans la
société : soutien scolaire, activités, visites chez les gens.
Au moment de partir, je me souviens d'avoir passé une sorte de deal
avec Jésus. Je lui ai demandé :
« Fais ce que Tu veux ; mais Tu as six mois ».
J'étais prêt à absolument tout. Je priais quasi exclusivement à
cette intention. C'est alors
que m’a été accordée
l’intuition
de l'ordre. Je connaissais déjà les frères ; à Toulouse je
les fréquentais un peu ; mais jamais cela ne m'avait
traversé l'esprit ; la
« question » est
revenue
de manière insistante cette année-là.
En
quelle année ?
2013.
2012-2013, j'étais à Marseille ; je suis entré au Noviciat en
2013-2014. En parallèle j'écrivais mon mémoire, que j'ai soutenu
après être entré au Noviciat. Dans le jury, il y avait celle qui
m'avait « matraqué » l'année précédente ; cela
m'a permis de boucler la boucle, comme une revanche sur moi-même.
C'est comme cela que je suis arrivé jusqu'à l'Ordre.
Où
en êtes-vous aujourd'hui ?
Je
suis à ma septième année de vie religieuse.
La
rencontre avec le père
Laffay a été déterminante,
si je comprends bien.
Oui,
et c'est ici, à S.-J., que je l'ai rencontré, pas à Toulouse.
Il faisait partie des frères qui déjà à l'époque intervenaient à S.-J. ; je me souviens encore du cours qu'il avait donné :
c'était sur la Genèse.
Il m'a profondément marqué, je me souviens encore des mots, de
certaines phrases qui sont
restées gravées. Ce type m'a laissé une forte impression, comme
cela peut être le cas dans l'esprit d'un jeune de 17 ans. Déployer
avec aisance, en restant
intéressant, des choses aussi compliquées.
L'ordre
des Prêcheurs : il n'y avait pas de doute, pour vous, que cela
devait être cet ordre-là ?
A priori, il
y en a eu beaucoup, a posteriori,
il n'y en a eu pas du tout. Avant de rentrer, il n'y avait aucune
certitude que c'était là "la
voie" ; je me souviens
même, les deux mois avant, de
ma mère qui
me posait tant
de questions,
qu'il a fallu que je lui interdise d’en parler ! Le
Père Maître m'a même
demandé un jour si j'étais
content d'être là ; je
me souviens très bien de ma réponse :
« je n'en
sais rien ». Une fois entré, quelques mois après, j'ai
ressenti ce sentiment – que j'avais éprouvé pour la première
fois à Marseille – d'être à la bonne place. Un soir, pendant
l'office, avec un frère à gauche, un frère à droite, dans
les stalles, je me suis dit :
« c'est là ! arrête de chercher. » Depuis, il n'y
a pas eu une seule question. Il faut dire que j'ai la chance d'être
un type pas très compliqué.
Ce qu'ont très vite remarqué
mes supérieurs.
Vous
êtes quelqu'un de simple, Frère Etienne ?
Oui, et je
pense vraiment que le mode de vie que j'ai eu dans ma jeunesse y est
pour beaucoup. On
est tous nés à Auch et on a vécu ensuite ici, à Lectoure. Je n'ai
jamais été Pensionnaire
à S.-J., je n'ai été que « Demi », mais
je restais à l'étude : il ne fallait pas que je rentre le soir
chez moi à la maison... Avec
trois
guitares à côté de la fenêtre, il
y avait peu de chance que
j'ouvre un cahier de maths. Donc je restais là, en "salle zéro"
(la Grande Etude), avec les gars, et je rentrais. Je me suis rendu
compte que la vie, ici, était simple et facile. Un
bon cadre. Une bonne souche. Une vie tranquille. On
rentre chez soi à pied après être allé au lycée ; on voit
des gens agréables ; la plupart de mes copains étaient à un
kilomètre dans les
alentours. La vie était simple ; on était content de se
retrouver. C'est exactement
ce que j'expliquais la
dernière fois que je suis venu cette année, la veille de la soirée
des Terminales. Connaissez-vous
l'origine de cette
soirée ? Je
faisais partie de la première génération à
l’avoir vécue. On avait la
chance d'avoir des grands frères ou des grandes sœurs en Terminale
pendant qu'on était en Seconde.
C'est ce qui a
profondément soudé l'ambiance du lycée. Cette idée de soirée est
finalement née
de l'envie de continuer d'être ensemble en dehors. On était
tellement heureux d'être ensemble au lycée, qu'on a voulu exporter
cela dans un autre contexte. Certains élèves
de seconde avaient été
invités, des secondes V.I.P. à l'époque : il
s’agissait de ceux qui
avaient la chance de connaître des Terminales. J'en ai pris
conscience en quittant le lycée, à vrai dire ; quand on est
dedans, on ne s'en rend pas compte : on est adolescent, on passe
sa crise, on a l'impression que S.-J. est une prison... mais
c'est justement
cela qui fait la force de S.-J. ! c'est cela qui soude les
élèves entre eux ! Je pense être redevable du lycée, pour
cet équilibre qui est le mien.
Vous
venez d’évoquer la relation entre élèves. Y a-t-il des adultes
dont vous gardiez un souvenir ?
J'ai
beaucoup apprécié quelqu'un comme Bernard Bonnet. Qui me terrifiait
à l'époque... Maintenant avec le recul, avec les quelques
discussions que j'ai pu avoir avec lui, je me suis rendu compte de la
profondeur de l’homme, de ce qu'il a voulu donner à ce lycée, et de l'énergie qu'il y
a dépensé. Mais comme je vous le disais, c'est vraiment une prise
de conscience que l'on a après avoir quitté le lycée ; avec
le recul, je me rend compte à quel point des choses ont été
posées, ici, des fondements. J'en discutais justement avec Jacotte
A., à propos du théâtre : certains
pensent que les élèves font
trop de choses.
Je répondrais : bien
sûr, que les élèves font trop de choses! et
c'est justement
ce qui fait la richesse du
lycée ; on ne fait pas qu'étudier
de la physique, des maths ou
du français ; on fait bien
plus que cela : on forme des êtres humains. Et c'est maintenant
une joie de me
retrouver ici comme frère dominicain, et de mettre ma
touche ; de donner un enseignement
spirituel, de participer à
la formation d'une jeunesse qui ne demande que cela. Il ne
faut pas se leurrer
d'ailleurs,
ces jeunes forment une sorte d'élite en la matière.
Que
voulez -vous dire ?
Ce
sont des « bénis » !
J'ai d'autres apostolats dans des lycées, les conditions y sont
beaucoup plus dures. Le lot commun, c'est « mon beau-père va
se casser », « ma mère va me mettre dans un foyer à la
rentrée », etc. Ici on a plutôt des familles stables, des
gamins plutôt bien dans leur peau...
Si
je puis me permettre, nos élèves ont des profils
« variés »,
disons ; mais je vois ce que vous voulez dire, nous
avons
certainement une majorité d'élèves vivant dans un environnement
stable ; nous accueillons tout de même des élèves blessés
par la vie...
Et
c'est tant mieux, car cela leur permet de se retrouver dans cet
environnement stable. Cela leur permet de voir qu'il est possible de
vivre simplement. Ces
années lycées sont pour moi le souvenir d'une vie insouciante,
joyeuse ; j'avais la chance d'habiter en centre-ville, rue des
Frères Danzas ; il y avait une famille nombreuse, comme la
nôtre, deux maisons plus loin ; et nous vivions sans cesse les
uns chez les autres. La vie facile, heureuse, simple. Sans
traumatisme. Je m'en rends compte d'autant plus maintenant que je
suis au contact de gens pris dans des réalités beaucoup plus
compliquées, qui partent dans la vie avec moins de facilités. Le
lycée a été plus facile que le collège. Surtout l'année de
Terminale: on était les rois du lycée ; on avait la chorale,
toutes nos activités sportives et autres, le bac ne nous stressait
pas plus que cela. J'étais très ami avec Vincent D., on se donnait
rendez-vous en bas de Lectoure pour aller à la piscine, vendredi,
on allait boire une bière au Bastion. C'était
la vie tranquille, très structurante, qui empêche les problèmes,
voire les résout par avance.
Quel
est le souvenir, l'événement que vous retiendriez entre tous ?
Parmi
les nombreux souvenirs que je pourrais évoquer, celui
que je choisirai sera les Cent Ans de l'Ecole Saint Joseph. Il y a eu
un week-end de festivités, avec concerts, théâtre. Ç'a été un
moment assez bluffant, où j’ai
pris conscience de la réalité
du collège et du lycée grâce
aux Anciens qui étaient
venus : on avait alors touché du doigt le
fait que cette histoire nous
dépassait très largement, qu'on était en
fait des héritiers. Lycéen,
on avait l'impression de
posséder le lycée ; mais
en réalité : il
y a
une histoire qui nous précède, qui nous suivra,
et qui nous dépasse
complètement. Nous avons donc
pris conscience de n'être que des maillons dans une longue chaîne... et
cela m'a beaucoup plu. Être pris dans l'histoire, se rendre compte
de cela... quand on a
dix-sept ans on croit être sorti de la cuisse de Jupiter.
Oui,
je pense que cela fait partie des prises de conscience dont nos
élèves ont besoin, eux qui
ne se rendent pas compte, peut-être, de ce qu'est notre lycée, et
notre Ecole en règle
générale.
On
s'en rend compte après.
Je connais peu d'anciens qui regrettent d'y être passés. Quelques
critiques peut-être mais jamais personne ne m'a dit : « je
n'aurais jamais dû passer par ce lycée. »
Craignez-vous
son évolution ?
S'il
connaît une évolution,
c'est normal, c'est un organisme vivant, qui ne peut rester figé (ce
serait même folie que de vouloir le figer) ; mais
c'est une
matière qui est informée par une âme, et
si le corps change, l'âme
est immuable. Tel est le défi : discerner
ce qui est de l'ordre de
l'âme, et ce
qui est de l'ordre de la matière qui doit changer. C'est un
travail de discernement, qui n'est pas évident. C'est ce que
j'ai essayé de dire dans ma prédication lors
de la messe, le jour du
départ de Georges Bonnet : il y a une tradition qui est sans
cesse en train de se
construire ;
les Anciens n'ont pas à dire : il faut que S.-J. soit
comme il a été quand j'y étais : c'est de l'égoïsme, cela !
Non, S.-J., change, a déjà changé. La jeunesse a changé.
Mais je crois que dans ce qu'il a à donner à cette jeunesse, il y a
quelque chose qui perdure, et qui, me semble-t-il, doit rester. Il
faut bien dire, compte-tenu de ce qu'on voit à droite et
à gauche, dans les diverses
interventions que nous menons, que S.-J. peut apparaître comme
une forteresse. En terme de mode d'éducation, de choix de cours, de
choix d'intervenants, etc., même dans l'enseignement catholique,
vous relevez de l'exceptionnel. Au sens premier du terme, pas au sens
de l'échelle de valeurs, même si elle se rajoute après... Et
je pourrais aussi parler
(en tant qu'intervenant), de la
manière d'être reçus et d'intervenir ! C'est pas gagné
partout...
Et
cela vous pensez que c'est l'âme ?
Oui,
mais qui suis-je pour en juger ? Je ne suis pas aux manettes.
Moi
non plus ! Qui est vraiment au manettes pour juger de l'âme du
lycée S.-J. ?
En
tout cas, certainement pas moi qui ai quitté le lycée depuis douze
ans ; il y a des choses que j'ai aimées
dans ce lycée ; si j'apprenais
qu'elles n'y étaient
plus, je pourrais
être déçu, mais sans plus : ce
lycée ne m’appartient pas.
De plus, il
y a dans ce que je vous dis
une part de reconstruction fantasmée.
C'est
le mythe S.-J. ?
Il
y a un côté Âge d'Or, « c'était toujours mieux avant »,
dans ce que je vous
dis. Il y a néanmoins du vrai pour
l'influence que cela a eu dans
ma manière de me construire.
Au-delà
du souvenir fantasmé, auriez-vous des exemples concrets qui
nous permettraient de approcher la réalité de cette « âme » ?
Retrouver
mes professeurs
à la messe le Dimanche, discuter
avec eux
sur le parvis, voilà quelque
chose qui a
changé l'image que j'avais du prof. Et
cela
permet à une
communauté de se former :
une
communauté d'élèves et de professeurs, qui se côtoient
à l'extérieur, et qui entretiennent des rapports qui vont au-delà
du rapport professionnel prof/élève. Et les activités parallèles
participent de cela, avec une Jacotte A. pour
le théâtre ou la peinture,
un François B pour le chant
en chœur... Mon frère a
fait partie du Chœur d'Hommes (les Chantres de Saint Joseph). On a
assisté à la naissance de
ce choeur.
Vous
avez été dans le Chœur d'Homme ?
Oui,
j'ai participé
aussi aux
trois concerts de la chorale du lycée. Au collège je faisais
partie de la chorale du collège, que François avait lancée
à cette époque ; j'ai un souvenir très précis de la première
fois où j'ai chanté en polyphonie : cela
m'a profondément marqué. Chaque groupe répète sa
partie dans son coin et quand
on met le tout ensemble... ça sonne juste ! Je me souviens de
la sensation que cela a produit, : c’est
beau ! et je fais
partie de cette beauté !
C'est une initiation au chant, qui
constitue une part très
importante de ma vie ; et
c'est François, il
faut bien le dire, qui m'a
appris à chanter. J'ai
appris à aimer la musique au collège et au lycée. Il y a le souci,
ici, de former l'oreille à la belle musique. J'ai également
appris à aimer la belle
littérature. Je détestais ça, en première - parce que j'étais
obligé. Mais je peux dire que de bons professeurs m'ont amené à
aimer cela. Mme Brigitte R.,
par exemple, qui rendait la chose absolument vivante. Et il y aussi
le parc.
C'est autre chose qu'une cour de béton : ce
grand pré, une fois que le mois d’avril
commence,
cela
change la vie du lycéen.
Oui,
trois mois sur dix...
Ce
sont trois mois importants. J'associe facilement L. à des
images de soleil. Mes souvenirs de lycée, c'est cela. Soleil et pré.
Ce
que je trouve intéressant dans votre propos, c'est d'avoir le point
de vue de l'élève de Lectoure. Plus de la moitié de nos élèves
sont des internes, qui viennent de loin. Mais je pense important de
noter ce sur quoi vous insistez, à savoir l'existence de cette
communauté (communale, paroissiale, scolaire), de ces élèves qui
croisent les profs en ville, au marché, à la messe ; car ces internes, qui vivent
autre chose au quotidien,
bénéficient en dernière
analyse de cette atmosphère
lectouroise, permise
par l'existence de
notre petite communauté.
Tout
à fait. Et d'ailleurs, ceux qui créaient
le plus souvent le chahut
à l'internat,
c'était les toulousains, les internes qu'on avait envoyé ici comme
dans un camp de redressement. C'était rare que les gens du coin
soient les plus excités. J'ai connu les deux. J'ai d'abord été
interne à Saint Jo (au collège), puis demi à S.-J., quand mes
parents ont choisi d'habiter ici, rue des frères Danzas. Pour moi,
l'internat, c'est avant tout de la rigolade. Revoir Luis (le
surveillant) c'est une joie !
Que
voudriez-vous dire aux professeurs d'ici ?
Le
conseil de ne pas avoir peur de se laisser fondre. Il y a une part de
moule ici, c'est vrai. Mais l'histoire montre que c'est bénéfique.
Il y a un lâcher-prise à accepter,
un abandon. Je leur conseillerais de voir l'ensemble, le Bien
Commun ; de ne
pas raisonner que sur son
pré carré, son
cours, mais aussi sur l'institution. Je
leur conseille de se dire : cette
institution a un caractère familial, et je
ne perds rien à rentrer dans cette famille.
Que
voudriez-vous dire aux élèves, si d'aventure ils lisent ces
Cahiers ?
Je
leur dirais de
profiter un maximum de ce qui se fait ici, et d'éviter de se
plaindre : vous
avez de la chance. Ne vous
refusez rien. Ici, on fait
des choses sérieuses sans se prendre au sérieux. Profitez-en.
Frère
Etienne, merci.
Propos recueillis par Stéphane Morassut
Frère Étienne au pèlerinage du Rosaire à Lourdes en 2020. Photographie: Pélerinage du Rosaire ©. |
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