Le Sommaire 2025

La fin de l’année académique correspond, selon notre habitude, au moment de nous retourner pour contempler le chemin accompli. Voici donc le sommaire 2025 des Cahiers de Saint-Jean.


L’année 24-25 fut pour nous l’année de la solitude, puisque aucune collaboration n’est à relever : les Cahiers de Saint-Jean furent pour cette fois l’œuvre d’un seul homme. Plusieurs papiers m’ont été promis, aucun n’est venu : je n’en veux pas à ces amis de n’avoir rien offert aux Cahiers, car je sais bien qu’y écrire est l’assurance de n’être pas lu… 
 

Année 24-25 œuvre d’un seul, donc, mais loin d’être improductive, comme le prouvent ces quinze articles, quinze fleurs cueillies dans le jardin de notre désarroi. Quinze paroles d’abord ruminées, puis jaillies, enfin polies avec peine. Point d’autre méthode, et point de régularité. 


Ces quinze propos ont tous les défauts que l’on peut craindre : formules obscures, raccourcis trop simplistes ou trop complexes ; références opaques ; raisonnements qui tournent court ; développements en coq-à-l’âne, achèvements en queue de poisson ; brutalités inutiles, et goût trop prononcé pour le crépusculaire. En somme, des textes réservés à quelques uns.


Mais, pour tout de même mendier un lectorat, nous voulons à ce fatras donner ici un peu d’ordre. Ces propos qui ont été jetés au hasard, au fil des saisons, nous tentons ici de les regrouper en catégories, pour créer un semblant de sommaire : un plan après coup. 

Ainsi, vous verrez d’abord que les Cahiers ne renoncent pas à leur vocation pédagogique, et le premier des groupes est consacré aux « Mots de l’École », constitué de deux articles seulement, l’un qui tente de cerner l’exacte nature du langage scolaire, l’autre sur ce faux-ami qui est le « courant littéraire » en classe de première.


Puis, de manière disproportionnée, le second groupe, que nous nommons « Pour un retour aux termes bruts », est constitué de 8 articles. Ces termes que l’on souhaiterait « bruts », font référence aux mots de l’Église qui nous font souffrir par leur caractère irénique ou sédatif. Par leur nombre, ces articles constituent en quelque sorte notre « dossier » de l’année. Peut-être le caractère invasif de ce thème dans notre inspiration est-il lié à l’anniversaire de nos 10 ans de chrétien confirmé, et peut-être avons-nous eu le besoin de revenir aux sources primales de notre engagement ; peut-être nous sommes-nous, depuis quelques temps, laissé abrutir par une douce musique bêtifiante, la douce musique de fond du propos ecclésial. J’espère que le lecteur nous pardonnera toutes nos injustices et d’avoir eu recours parfois aux moins chrétiens des auteurs.


La troisième catégorie, « Regards sur le monde d’aujourd’hui », déroge à la règle que nous nous sommes imposée, à savoir de ne jamais parler d’actualité. Où nous parlons des rites civiques, de la peine capitale, de l’option de l’irrationnel en politique, et de la manière qu’ont les autocraties de s’installer… 
 

La dernière catégorie n’en est pas vraiment une, puisqu’il s’agit d’une causerie sur un texte, ici le tableau littéraire d’une messe de minuit ; je la place en fin de sommaire, comme ultime lumière d’espérance, vacillante dans les ténèbres. Que l’auteur en soit Flaubert ne change rien à l’affaire.
 

Bonne lecture aux quelques uns et à l’an prochain !


SOMMAIRE 2024-2025 DES CAHIERS DE SAINT-JEAN



Les Mots de l’Ecole

    1.  malentendu scolaire
Que vaut un « ma mère me râla dessus » face à un « ma mère me fit de vifs reproches » ? Ce texte médite, à partir d’un mot d’élève, sur la langue étrange et exigeante que parle l’école — ce français soigné, commun à tous, mais maternel à personne. 
    2.  le piège des "courants littéraires" - ordre trompeur au coeur du désordre humain
Entre les lignes d’un manuel, l’histoire littéraire semble filer droit. Mais les œuvres, elles, résistent, débordent, se contredisent. Derrière les étiquettes rassurantes, ce texte invite à réentendre le désordre vivant des voix qui les ont précédées. Avec une tentative de comprendre ce qu’on appelle le « classicisme ».

Pour un retour aux termes bruts

    3. La peur des mots
Où nous explorons l’érosion du langage chrétien, celui qui préfère le souffle léger de la périphrase à la force brute des termes premiers. Un cri contre cette timidité verbale, pour un retour à la parole vraie, dure et salvatrice, seule capable de réveiller les âmes fatiguées. 
    4. Céline & le christianisme
Louis-Ferdinand Céline, lucide et brutal, interroge ici le christianisme : celui qui ne promet ni illusions ni faux réconforts, mais un visage sans fard de l’homme. Ce rappel brutal, en passe d’être oublié aujourd’hui, réhabilite la rigueur salutaire d’un discours capable de réprimer et sauver, loin des illusions complaisantes qui fragilisent notre regard sur l’homme.  
    5. Doctrine sociale
En s’appuyant sur les paroles fortes de Léon XIII dans Rerum Novarum, cet article ravive un enseignement chrétien enfoui : la richesse, loin d’être un refuge, est un fardeau dont l’usage déterminera le salut éternel. À une époque où l’Église semble tempérer ses avertissements, nous avons ici un opportun rappel que ceux-ci s’adressent aux puissants arrogants, non pour les condamner par ressentiment, mais pour les sauver avant le Jugement définitif. 
    6. Torture d’être chrétien
Car nous pensons qu’être chrétien, c’est marcher chaque jour sur un fil tendu entre doute et espérance, action et renoncement, joie et souffrance. Pris par le dilemme entre agir sans jamais être sûr de faire le bien, ou rester immobile et craindre la faute, le chrétien authentique mène une lutte sans répit entre peur, honte et désir d’aimer. Cette tension est le signe même d’une foi vraie, exigeante et sans illusions. 
    7. Ne point se venger, c'est s'enchaîner à l'idée de pardon
Et si le pardon, loin d’être un apaisement, n’était qu’un combat intérieur, un feu sous la cendre ? Cioran exhume la violence contenue de nos nuits, et révèle ce que l’humanisme feint d’oublier : la haine ne meurt pas d’elle-même. Le chrétien, s’il ose lire, y trouvera peut-être matière à prier plus vrai.
    8. Exégèse d’un lieu commun : « Jésus n’a jamais parlé de cela ».
On dit que Jésus n’a rien dit sur la sexualité. C’est faux — nous voulons ici le prouver. En trois mots grecs, nets comme des coups de fouet, le Christ désigne ce qui défigure l’amour. Ceux qui prétendent le contraire ne lisent pas l’Évangile : ils le tordent pour qu’il justifie leurs désirs. 
    9. vindicatifs et tristes
la colère profonde des hommes d'autrefois, qui osaient défier Dieu sans détour — écho puissant, perdu dans le silence d’aujourd’hui. Par Emil Cioran.
    10. Nous vous entendrons là-dessus une autre fois
Ironie polie ou fuite embarrassée, cette phrase clôt plus d’une tentative d’annonce. Comment proclamer la foi dans un monde qui l’élude, la réduit… ou s’en méfie ? 

Regards sur le monde d’aujourd’hui

    11.  Le calendrier décapité
Dans une société où l’on fête sans fin mais sans fin ultime, l’année profane déploie ses rites sans mystère. Derrière les masques d’Halloween, que reste-t-il du sens des saisons ? 
    12. Comment s'installent les autocraties - les leçons de Tacite
Chez Tacite, la servitude ne s’impose pas : elle s’installe. Par dégoût de la liberté, soif d’ordre, oubli du courage. Relire les Annales, c’est éclairer ces moments où le pouvoir glisse, sans bruit, de la légitimité à l’arbitraire.
    13.  De l'irrationnel en politique
Où nous voulons montrer que la politique ne relève pas toujours du calcul ou de l’idée, mais peut parfois (souvent?) procéder de l’instinct, et même de l’attrait pour le chaos, du choix volontaire de l’obscurcissement. À travers les mots d’un théoricien du nazisme, une plongée dans ce choix, redoutable mais toujours possible, du renoncement conscient à la raison. 
    14.  Peine obsolète
Écrit à l’occasion de la mort de Robert Badinter. Quand le dernier sacrifice s’efface, l’individu seul règne sur son corps délié. Sous le silence des masses, que devient l’âme en quête de justice et d’expiation ? 

Morceau choisi

    15. La Messe de minuit de Flaubert
Flaubert, ironiste impitoyable, laisse ici filtrer une lumière douce, presque fervente. À travers les yeux de deux sceptiques, c’est tout un peuple qui prie — et peut-être, un instant, l’écrivain lui-même. Une aurore inattendue dans la nuit flaubertienne.
 

ANNÉES PRÉCÉDENTES

Sommaire 2023

Sommaire 2024 

Pas de sommaire de 2018 à 2022...

 

 

Николай Николаевич Ге (Nikolaï Nikolaïevitch Gay) - "Что есть истина?" (Qu'est-ce que la vérité?) - 1890 - huile sur toile - Galerie Tretiakov, Moscou

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Céline & le christianisme

Lecture: La Fontaine, X.5, "Le loup et les bergers", ou l'examen de conscience du loup.

Saint Augustin : "le vol de poires"